L'ancien chargé de mission à l'Elysée a voulu minimiser les faits qui lui sont reprochés, pour cette septième journée d'audience.
Des «gestes techniques ratés» mais «pas de coups volontaires» : à son procès à Paris, Alexandre Benalla a invariablement minimisé vendredi 24 septembre ses agissements le 1er mai 2018 place de la Contrescarpe, face à un tribunal sceptique.
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Ce sont les images qui ont provoqué le «Benallagate». Un chargé de mission de l'Elysée, venu en observateur au cortège de la Fête du Travail émaillée cette année-là de heurts violents, brutalisant un jeune homme au cœur de la capitale.
«Je ne porte pas de coups volontaires»Au 7e jour du procès de l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, le tribunal arrive au cœur du dossier, avec, sur les chaises des parties civiles, Georgios D. et sa compagne, Chloé P., tous deux molestés ce jour-là.
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D'une voix tranquille, le juge assesseur Edmond Brunaud relit les dépositions de témoins de la scène, qui disent avoir cru voir un «CRS qui se lâchait», décrivent un «tabassage», de la «violence gratuite». «C'est une scène violente, mais je ne porte pas de coups volontaires», assure à la barre Alexandre Benalla, droit dans son costume sombre, qui répète avoir «interpellé» un «agresseur de policiers» dans un contexte de «guerre civile». «C'est une tentative de maîtrise de ma part qui a été très brouillonne, mais je n'ai pas mis de coups volontaires pour lui faire mal».
Au fil de l'interrogatoire, l'audience tourne au ping-pong sémantique avec le tribunal. Des «coups» ? Des «gestes techniques ratés», pour Alexandre Benalla. Un «étranglement» ? Une «clé au cou» qui «n'a pas marché parce qu'il était trop excité». Une «balayette» ? Une «tentative de la ramener au sol».
Les vidéos vues image par imageLe tribunal visionne toutes les vidéos des faits : au ralenti, image par image - «ça s'appelle de la chirurgie», sourit le juge Brunaud. Vient la vidéo la plus connue, celle de Taha Bouhafs, militant LFI devenu journaliste, sur laquelle Le Monde a identifié Alexandre Benalla le 18 juillet 2018, déclenchant le scandale.
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Sur l'écran, on voit Vincent Crase, ex-employé LREM et coprévenu d'Alexandre Benalla, attraper Georgios D. et le traîner, avec des CRS, sur plusieurs mètres. Il le menace d'une main, ils ont un bref échange verbal. C'est là qu'intervient Alexandre Benalla : il saisit Georgios D. par l'arrière, par le cou. On le voit ensuite lui porter un coup à la tête.
«J'essaie de le rattraper par l'épaule», commence Alexandre Benalla, s'agaçant des rires qui parcourent la salle d'audience. «Il n'y a pas de main qui touche sa tête, elle effleure sa tête». «Monsieur Benalla, c'est une main qui tombe franchement...», relève le juge. «C'est une main qui va attraper son épaule, il essaie de fuir.», rétorque Benalla. «Pour vous, il essaie de fuir, là ?», lui répond le juge. «Oui, bien entendu. Il y a cinq CRS, ils arrivent pas à le maitriser. Il est tendu d'une manière assez incroyable, il est très nerveux».
La vidéo se poursuit et, alors que Georgios D. tombe au sol, Alexandre Benalla marche sur sa poitrine. «Comme ça, la première fois, on se dit «wow !»», lance le juge. Le prévenu se met à mimer à la barre, affirmant : «Je suis déséquilibré», «je suis entrainé dans ma chute, je sautille et je l'effleure une demi-seconde». Dans la suite de la vidéo, on voit Georgios D. plié en deux. «Je me souviens très bien, Monsieur Benalla marche volontairement sur mon thorax, ça m'a coupé le souffle et, tout de suite, j'ai commencé à vomir», a décrit plus tôt le jeune homme à la barre. Son interpellation par des CRS, ensuite, sera aussi violente.
«Ca a été très compliqué à vivre»Le couple a toujours expliqué être sorti fêter six ans de vie commune et avoir été pris par hasard dans les affrontements. Après une charge de CRS, il a lancé une carafe sur la police, elle un objet qui pourrait être un cendrier et une bouteille en plastique - une «acte irréfléchi», regretteront-ils, pour lequel ils ont été condamnés en 2019 à 500 euros d'amende.
Une certificat médical concluant à 6 jours d'ITT s'est avéré antidaté - une erreur involontaire, selon l'avocat de Georgios D. Invitée par le procureur, Chloé P. prend la parole. «Sur le moment, ça a été très compliqué à vivre, les semaines, les mois et d'autant plus quand l'affaire a éclaté».
«C'est pas facile, on ne comprend toujours pas pourquoi ça s'est passé comme ça aujourd'hui. Pour dire la vérité, je n'attends pas grand chose de ce procès, dès le départ ce qu'on veut, c'est des excuses. Tout le reste c'est plus fort que nous, ça va rester un traumatisme à vie.»
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